Photo Fred Chapotat 2022

Echos

http://www.veroniquechemla.info/2010/06/la-peintre-emmanuelle-messika-expose.html?fbclid=IwAR3u8b-N0ME-8fYsqcxcs5Q6G70ibAR2wZP8pIV8LpzIBAPzKvREsoT3T7Y

GALERIE CLAIRE CORCIA

Emmanuelle Messika

« Les dessins d’Emmanuelle Messika sont des invitations. Il faut plonger pour les suivre, après avoir reconnu comme l’artiste, l’importance de l’esprit et la nécessité de l’égarement.

Chez Messika, le cocon a été rompu et en en sortant, on s’égare dans la force de ses couleurs, dans les lignes arrondies et son trait enroulé.

Cependant, la forme est toujours présente malgré une violence contenue, en cela qu’elle ne dissimule rien de la folie créatrice commune à l’univers observable.

Même dans l’abstraction, Messika éveille des sentiments bien réels, elle suggère nos souvenirs enfouis et ses lignes nous rappellent à celles qu’on devine enfant, parfois plus tôt déjà, parfois encore, dans les détails de l’environnement.

En effet, Messika mobilise des évidences naturelles : on croit voir des sillons habités, des veines vives dans une animation toute minérale.

Les dessins de Messika ont le langage du cœur, de ce qui est profond mais pas silencieux pour autant. Elle exprime ce qui habite discrètement, ce qui grouille et qui presse son auteure puis le regardeur dans la contention.

Alors il faut encore accepter d’apprendre la grammaire de Messika dont l’écriture semble violente puis douce mais dont la courbe est enfin rassérénée et les antagonismes, réconciliés par l’enchantement de son talent. »

Gabriel Paris

2019

323 rue Saint Martin 75003 Paris www.galeriecorcia.com contact@galeriecorcia.com

Galerie Claire Corcia

323 Rue Saint-Martin, 75003 Paris

du 6 juin au 11 juillet 2019

Galerie Christian Berst

3-5 Passage des Gravilliers, 75003 Paris

du 6 juin au 13 juillet 2019

A l’heure où l’art brut a le vent en poupe, intéressons nous à deux galeries parisiennes de premier ordre en le domaine des « marges artistiques » : Claire Corcia (sur qui nous écrivions déjà) et Christian Berst.

Les deux galeries vernissaient le même soir, partagent une même esthétique mais se distinguent aussi formellement.

Nous disons que l’art brut est couru ces temps-ci car on voit les ventes à Drouot, les expositions consacrées à la Halle Saint-Pierre, les articles sur le sujet se multiplier (n’est-ce pas) et rencontrer un succès qui ne se dément pas.

Mais encore faut-il se mettre d’accord sur la définition de l’art brut, dont les subtilités entre « outsider art », art cru, art naïf, etc., appartiennent aux experts. On y voit un reflet du succès de la notion inventée par Dubuffet dans les années 50 et cette prolifération sémantique, synonyme de rencontres avec un public curieux, passionné sinon maniaque des catégories.

A cet égard, les deux galeries à l’honneur ont choisi des positions propres.

Madame Claire Corcia, située à proximité des Grands boulevards, offre sur deux étages, une sélection d’artistes contemporains de son cru.

On est accueilli par l’expressionnisme frénétique de Julien Wolf. Ses peintures sont des bacchanales, un Parnasse dionysiaque où les couleurs primaires traduisent des scènes de liesse et où des créatures se fondent dans un manège sauvage. Souvent en grand format, on plonge dans la fureur créatrice de Julien Wolf comme dans une mêlée, dans un cortège bouillonnant.

Ses petits formats ne sont pas en reste et témoignent d’un trait vif, porté à ébullition.

Au sous-sol, une petite salle à droite est occupée par les œuvres de Emmanuelle Messika. Ses peintures abstraites ont un aspect minéral et cellulaire tout à la fois. Ce sont autant de feux allumés par l’artifice d’une artiste hautement talentueuse. Emmanuelle Messika parvient à éveiller des sentiments chez le regardeur par et pour des formes mystérieuses, en lévitation et évoluant par séries modulaires.

Emmanuelle Messika

Dans la plus grande salle de cette caverne platonicienne, on rejoint un art toujours aussi lumineux, perpétué par Daniel Erban dont les œuvres ablaq, bichromes, dégagent une sensualité énergique que le voisinage de Parmis Sayous et de Anick Langelier pourrait calmer, rasséréner.

Anick Langelier

En effet, entre ces artistes choisis émane une gradation dans l’intensité picturale. Chacun traduit un monde intime, une mythologie personnelle dans un savant équilibre de forces parfois antagonistes, contradictoires. Ces scènes charnelles au bord de l’effondrement, des engueulades carnassières saturées débordent l’espace de la toile.

Parmis Sayous

Cette cuisine infernale suggère la mosaïque humaine du quartier de Manhattan qui inspira tant de musiciens et la culture populaire.

Cependant au seuil de la satiété, l’envie gourmande d’en voir toujours davantage guide un appétit encore vorace et se prolonge jusqu’aux Gravilliers du IIIe arrondissement, où se situe la galerie de Christian Berst.

Sans doute faut-il être déjà quelque peu initié pour oser franchir les grilles de ce passage presque secret et rejoindre l’exposition Ordo Ab Chao. Deux artistes s’y côtoient aux murs : Anibal Brizuela et Ricardo Cunningham.

Emmanuelle Messika présente ses nouveaux tableaux, techniques mixtes/acryliques sur toiles, dans uneexposition collective aux Trois Baudets(Paris). Une manière de « participer à cette scène », haut lieu de la chanson francophone.

Diplômée de l’Ecole des Beaux-arts de Paris (2005), cette jeune peintre a enseigné les arts plastiques et a peint sur verre pour une lanterne magique dans le cadre de Métamorphoses, concert optique mis en scène par Louise Moaty avec Les Lunaisiens, notamment lors du festival Baroque(Pontoise, 2008).

Elle prise les décalages, associe figuratif et abstraction et « ose » les couleurs.

Dans ses œuvres exposées en 2009 au Centre d’Art et de Culture Espace Rachi, elle aimait y insérer parfois un animal ou inscrire une phrase, un trait d’humour (« Ch’ha, où est ton oreille ? »), un jeu de mots sur « Aïe» (cri de douleur) et « Hi » (salut en anglais) : un golfeur semblait frapper un astre avec son club (« Everybody Says Hi »). Ou stylisait un Paris de sens interdits.

Son « gimmick », c’est un « antihéros pris dans une situation inextricable et qui essaie de s’en sortir » : émergeant de coulées beiges qui risquent de l’engloutir, il s’agrippait au bleu serein. Ainsi, dans « Pues con hechos se prueba su sabio razonar » (Puisque sa savante argumentation reçoit la preuve par les faits) - titre d'une chanson de Paco Ibanez sur des paroles de Juan Ruiz, archiprêtre de Hita -, on ne sait si des nuages dévoilent ou recouvrent un être dont seules apparaissent des mains en forme de pièces de puzzle, tandis que des « éclaboussures d’une étoile filante rose » animent la toile par un mouvement distinct.

Ce personnage récurrent, « de plus en plus abstrait, tend à s’effacer », nous a confié cette artiste.

http://www.emmanuellemessika.fr/

Jusqu'au 17 Juillet 2010

Aux Trois Baudets : 64, boulevard de Clichy, 75018 Paris

Tél. : 01 42 62 33 33

Du mardi au samedi de 18 h 30 à 1 h 30

plus d'informations http://veroniquechemla.blogspot.com/

Article de Véronique Chemla, revue L'arche, n°s 614-615, juillet/août 2009.

Mises en scènes étranges, personnages énigmatiques ou dérangeants hantent la réalité disloquée du travail d'Emmanuelle Messika. Peinture et sculpture témoignent d'un moment charnière: les protagonistes vivent un drame, une transformation fantasmagorique. L'instant du tableau cristallise leur existence en une scène, une situation trouble dont ils ne peuvent s'affranchir mais s'accommodent. Car le cauchemar est n'est qu'une réalité exorcisant le rêve et la mort une abstraction, la tristesse un pied de nez.

L'utilisation de l'acrylique et de l'huile par touches expressives transpose l'univers onirique en espace d'accidents, couleurs tourmentées, cadre faussé. Dans ce choix il y a pourtant une issue de secours.

Thomas CHEILAN,écrivain scénariste

Texte de présentation pour l'exposition à Glaz'Art

Le regard singulier qu'Emmanuelle Messika porte sur le monde nous entraîne dans une suite métaphorique où le sensible côtoie le violent, la pudeur confond l'insolence, le grotesque dérange le beau, et la drôlerie pactise avec la tragédie pour brouiller les pistes.

Cette "marelle" sans ciel ni terre semble éloigner l'échéance finale. Tout simplement un pied de nez à la mort nous dit Emmanuelle.

Je sais conduire un bateau, autoportrait ironique et cruel digne d'Otto Dix, dont le conducteur coincé dans la bouée liée au bateau nous paraît peu assuré de trouver le meilleur cap.

Enfin Celui qui a mal tourné, le pot de fleur renversé sur la tête se dirige à l'aveugle dans la nuit de nulle part... Il y a du Pierrick Sorin dans l'oeuvre d'Emmanuelle, ce qu'elle met en scène c'est elle même dans des situations tragi-comiques souvent à ses dépens, mais cette dérision n'est qu'illlusoire car sa peinture est le lieu de tous les possibles.

Michel GEMIGNANI, artiste, professeur aux Beaux-arts de Paris